La première ministre confirme l’abaissement de l’âge pour passer le permis de conduire à 17 ans

L’âge légal pour passer le permis de conduire sera de 17 ans dès 2024

Selon la règlementation actuelle, un jeune en conduite accompagnée a le droit de passer le permis B à 17 ans. Toutefois, prendre le volant seul n’est possible qu’à partir de 18 ans. Ce seuil sera réduit d’un an.

Abaissement de l’âge pour passer le permis de conduire à 17 ans confirmé par la cheffe du gouvernement

Depuis 100 ans, un jeune ne peut passer son examen de permis de conduire qu’à l’âge de 18 ans. En revanche, les jeunes inscrits à l’apprentissage anticipé de la conduite (AAC) ou la conduite accompagnée peuvent obtenir un permis B à partir de 17 ans. Néanmoins, ils doivent avoir leur majorité pour conduire seuls la voiture. La France vient d’emboîter le pas de divers pays européens comme l’Islande, de l’Irlande et le Royaume-Uni en autorisant les jeunes de conduire seuls dès 17 ans. La Première ministre Élisabeth Borne a confirmé que cette mesure entrera en vigueur dès janvier 2024 en soulignant que cette décision serait « un vrai plus », surtout pour les jeunes en apprentissage.

Instructeur qui donne un cours de conduite

Combien de personnes sont concernées ?

Sachant que 860 677 jeunes Français auront 17 ans en 2024 selon l’Insee, ils pourront donc bénéficier de cette réforme. En raison du manque de transports en commun, le permis de conduire constitue une priorité pour les jeunes qui résident à la campagne. Actuellement, 77 % des 18 à 24 ans ont leur permis contre 65 % des jeunes citadins selon l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep). Outre cet abaissement de l’âge minimum pour le permis de conduire, le ministre délégué chargé de l’Enseignement et de la Formation professionnels affirme que l’aide de 500 euros versée aux apprentis afin de financer leur permis sera élargie aux élèves des lycées professionnels. 

Permis de conduire à 17 ans : les enjeux

Abaisser à 17 ans l’âge requis pour passer le permis de conduire constitue un facteur d’émancipation, particulièrement pour les jeunes habitant en milieu rural, mais aussi pour les élèves des lycées professionnels selon la Première ministre. Le permis est nécessaire pour les jeunes dans les territoires ruraux afin d’accéder à des opportunités de stages et d’emplois. Cette mesure représente aussi un enjeu de sécurité routière. En effet, les accidents de la route constituent la première cause de mortalité chez les jeunes âgés de 18 à 24 ans. La cheffe du gouvernement a promis d’être très attentive sur le niveau demandé pour obtenir le permis. Parallèlement, le gouvernement renforcera les attestations de sécurité routière afin d’en faire un pré-code. 

Pour Loïc Garrec, propriétaire d’une auto-école à Saint-Brieuc, l’abaissement de l’âge du permis de conduire à 17 ans entraîne des questions en termes de responsabilité juridique. Selon lui, « On ne peut pas parler de maturité à 17 ans ou à 18 ans. » 

  • D’un côté, les adeptes

Élisabeth Borne a gagné le soutien de Pierre Chasseray, délégué général de 40 Millions d’automobilistes bien qu’il préfère un scénario de permis à 17 ans après conduite accompagnée. Le groupe d’auto-écoles ECF s’est aussi exprimé sur le sujet dans un communiqué en annonçant son soutien sans faille à cet abaissement de l’âge pour passer le permis de conduire à 17 ans. En effet, il d’avis que cette mesure favoriserait la mobilité des jeunes dans un pays comme la France avec les enjeux que pose la ruralité.

Néanmoins, le réseau souhaite une mesure d’accompagnement, soit une formation post-permis obligatoire. Il propose « d’accompagner le dispositif, avec la mise en place d’un rendez-vous de perfectionnement dans les deux à quatre mois après l’obtention de permis. » Le groupe d’auto-écoles ECF craint en effet qu’un manque d’expérience sur la route risquerait de mettre en péril la sécurité des autres conducteurs. Édouard Rudolf, le cofondateur de l’auto-école en ligne « En voiture Simone », prévient que cette mesure reviendrait à mettre quelque 200 000 jeunes dans une situation de risque d’avoir un accident et de causer du tort aux autres usagers de la route. 

Femme passant son permis de conduire
  • De l’autre, les détracteurs

Beaucoup se disent contre cet abaissement. Jean-Yves Lamant, président de la Ligue contre la violence routière, estime que c’est l’inverse de ce qu’il faut faire pour réduire le nombre de décès sur la route en 2023. Une idée que partage la directrice générale de l’association Prévention routière, Anne Lavaud. Selon elle, cette décision règle une problématique par un nouveau risque.

Le permis de conduire dès 17 ans : les craintes des auto-écoles

Passer l’examen du permis de conduire dès 17 ans est loin de faire l’unanimité sur le terrain. Une autre question est soulevée par cette mesure : les auto-écoles sont-elles capables d’accueillir ces potentiels nouveaux candidats ? Selon le représentant de l’UNIC dans les Côtes-d’Armor, l’âge de passage à l’examen de permis de conduire n’est pas le problème. Il s’agit plutôt du nombre de candidats qui afflueront dans les centres d’examen, notamment des jeunes qui n’ont pas été formés avec une conduite accompagnée. En outre, cette mesure entraînerait une augmentation du nombre de candidats alors que celui des inspecteurs est insuffisant à l’heure actuelle pour assurer des délais de présentation corrects. Les auto-écoles craignent une explosion des délais de présentation à partir de janvier 2024. 

En somme, dès janvier 2024, un jeune de 17 ans pourra passer son examen de permis B, a annoncé la Première ministre. Cette mesure vise à améliorer la mobilité des jeunes en apprentissage, surtout dans les territoires ruraux. Toutefois, elle ne fait pas l’unanimité auprès des associations, des auto-écoles et de la sécurité routière.